OpenAI recrute l’ex-CEO de Slack pour accélérer sur l’enterprise

Le timing est savoureux. Alors qu’Anthropic vient de lancer Claude Code dans Slack, OpenAI débauche carrément la patronne de la plateforme. Denise Dresser, CEO de Slack depuis 2023, rejoint OpenAI comme Chief Revenue Officer. Un signal clair : la bataille pour l’IA en entreprise passe à la vitesse supérieure.

Qui est Denise Dresser ?

Denise Dresser n’est pas une inconnue dans le monde de la tech enterprise. Avant de diriger Slack, elle a passé plus de 14 ans chez Salesforce, où elle a gravi les échelons jusqu’à piloter des équipes commerciales mondiales sur les comptes les plus stratégiques.

Elle a pris la tête de Slack fin 2023, après le départ de Lidiane Jones (partie chez Bumble). Sous sa direction, Slack a accéléré l’intégration de fonctionnalités IA et renforcé son positionnement comme hub de travail pour les équipes tech.

Chez OpenAI, elle occupera le poste de Chief Revenue Officer et reportera directement à Brad Lightcap, le COO. Sa mission : transformer la croissance fulgurante de ChatGPT en machine à revenus enterprise.

Pourquoi ce recrutement maintenant ?

OpenAI affiche des chiffres impressionnants, mais le tableau financier est plus nuancé qu’il n’y paraît.

Au premier semestre 2025, l’entreprise a généré environ 4,3 milliards de dollars de revenus — une hausse de 16% par rapport à l’ensemble de 2024. Le problème : elle a brûlé 2,5 milliards sur la même période, entre développement de modèles et coûts d’infrastructure pour faire tourner ChatGPT.

Et ça ne va pas s’arranger. OpenAI prévoit 74 milliards de dollars de pertes opérationnelles d’ici 2028, soit près de 75% de ses revenus projetés. Selon le Wall Street Journal, OpenAI brûlerait du cash 14 fois plus vite qu’Anthropic.

Dans ce contexte, l’enterprise devient vital. OpenAI compte déjà plus de 7 millions de comptes ChatGPT professionnels, et le nombre de licences Enterprise a été multiplié par 9 depuis 2024. Mais il faut convertir cette adoption en revenus récurrents solides.

L’entreprise explore aussi d’autres pistes : publicités dans ChatGPT, abonnements premium, packages commerciaux structurés. Denise Dresser arrive pour orchestrer tout ça.

La guerre des labs IA pour Slack

Ce qui rend ce recrutement particulièrement intéressant, c’est le contexte concurrentiel autour de Slack.

D’un côté, Anthropic mise sur l’intégration produit. Claude Code est désormais accessible directement dans Slack, permettant aux développeurs de déléguer des tâches de code sans quitter leurs conversations. L’outil génère déjà 1 milliard de dollars de revenus annualisés.

De l’autre, OpenAI joue la carte du talent. Plutôt que de simplement s’intégrer à Slack, ils recrutent celle qui connaît le mieux la plateforme et ses clients enterprise.

Les deux approches ne s’excluent pas, mais elles révèlent des stratégies différentes. Anthropic construit des ponts techniques. OpenAI construit des ponts humains et commerciaux.

Avec 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires sur ChatGPT et plus d’un million de clients business, OpenAI a les volumes. Ce qui manquait, c’était quelqu’un capable de structurer la monétisation à l’échelle. C’est exactement le profil de Dresser.

Ce que ça change pour Slack

Côté Slack, Rob Seaman (jusqu’ici Chief Product Officer) assure l’intérim à la direction. La plateforme reste stratégique pour Salesforce, qui continue de pousser son propre assistant IA, Agentforce.

L’ironie de la situation n’échappe à personne : Slack devient simultanément un terrain de jeu pour les agents IA de tous les labs… et un vivier de talents pour ces mêmes labs.

Pour les utilisateurs, ça ne change pas grand-chose à court terme. Slack reste le hub où convergent Claude, ChatGPT (via des intégrations tierces), et bientôt d’autres assistants. La question est de savoir qui finira par dominer cet espace.

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